La psychanalyse

La psychanalyse trouve ses origines des consultations que S. Freud effectuait avec les femmes qu'il recevait, qui exigeaient qu'il se taise et les écoute. C'est ainsi qu'il eut l'idée de privilégier la parole du sujet plutôt que le savoir du thérapeute. La psychanalyse est donc une "cure par la parole" : le but est d'élaborer via celle-ci et dans la relation avec l'analyste les éléments de la vie et l'histoire du sujet ; mais quel que soit l'analyste, la cure est avant tout un rapport humain.
C'est lorsque les médecins et scientifiques de toutes disciplines ont cessé de mettre en avant leur savoir au profit de la parole de leurs sujets que la psychanalyse a commencé à gagner du terrain et à prouver son efficacité, et c'est encore ce qui se passe à chaque consultation : ce sont les sujets qui nous enseignent notre savoir, et non l'inverse. C'est de la pratique de la psychanalyse qu'est née la théorie, mais cette théorie tient tout de même une place importante dans la formation et dans la pratique du métier de psychanalyste.

Le but de la psychanalyse est de libérer les sujets des obstacles et des barrières psychiques qui les empêchent de vivre pleinement leur vie. Elle n'a pas pour finalité de rendre meilleur, plus fort ou plus sage, mais les personnes qui ont suivi une cure se sentent bien souvent plus libres de leurs pensées et de leurs gestes, et vivent donc plus en accord avec eux-mêmes. Cependant, le terme de guérison à l'issue de la cure n'est pas adapté, le but n'étant pas de soigner, mais de permettre l'opération de transformations psychiques, de changements tangibles pour le sujets.

Elle est accessible à tous, mais elle n'est pas faite pour tout le monde, dans la mesure où elle nécessite et exige une parole vraie, celle "qui n'est pas du semblant" selon les termes de J. Lacan, et met donc au défi le sujet d'en supporter les effets. Grâce à elle, tout est possible, mais uniquement par la parole. De ce fait, la psychanalyse n'a rien à voir avec le niveau intellectuel, le savoir, l'intelligence ou la capacité de raisonnement du sujet. Ce qui importe, c'est ce que révèle le sujet de lui-même au sein de la relation avec son analyste, c'est-à-dire le transfert. En revanche, le fait que ce soit la parole du sujet qui prime ne dispense pas l'analyste de sa parole : il doit parler pour faciliter la parole du sujet. Il est possible qu'au cours de la cure surviennent des moments de silence, auxquels il est important de laisser la place, puisque ces silences ont un sens.

L'élaboration par la parole s'effectue autour de trois concepts théoriques : l'inconscient, la prise en compte du transfert et le primat de la sexualité.
  • Selon la problématique, voire les symptômes des sujets, les psychanalystes partent du postulat que la "cause" des troubles est psychologique et inconsciente, n'excluant pas pour autant la possibilité d'une cause organique, héréditaire, biologique... Mais le travail du psychanalyste est de donner du sens à ces symptômes, et de pointer le conflit psychique latent. En psychanalyse, l'Homme est un être parlant pouvant exister hors de sa conscience...
  • La prise en compte du transfert vient de la découverte qu'a fait Freud selon laquelle c'est la parole du sujet qui soigne et non l'information que délivre l'analyste : c'est sa parole qui agit dans la cure, l'analyste constituant alors un réceptacle ouvert à cette parole, un garant de la vérité des mots et des maux du sujet. C'est de là que vient l'idée selon laquelle le psychanalyste est muet : si la plupart du temps il ne n'est pas, son travail est de libérer l'inconscient du sujet qui l'entrave en préservant son intégrité et sa subjectivité, ceci nécessitant parfois de s'effacer pour laisser la parole du sujet occuper l'espace. Il est donc normal que le psychanalyste ne rebondisse pas toujours sur les mots de son patient.
  • Si l'on a accusé Freud de tout tenter d'expliquer par la sexualité, il est essentiel de souligner que pour lui, sexualité ne signifie pas génitalité. Il prend acte du fait que, chez l'Homme, les pulsions sexuelles ont des conséquences que n'ont pas les autres pulsions. La sexualité joue selon lui un rôle fondamental dans le fait d'être humain, et les pulsions sexuelles constituent un concept de base permettant d'expliquer le fonctionnement particulier du psychisme humain... Le concept de libido serait alors la base et la finalité de l'existence humaine, mais ne s'appliquant pas qu'à la sexualité au sens génital du terme.
La durée d'une analyse est variable selon les sujets. En effet, il n'est pas possible de changer en quelques séances ce que l'on a mis toute une vie à mettre en place, et le sujet seul peut donner le rythme de l'avancée. L'entente avec son analyste est importante, mais bien s'entendre ne veut pas nécessairement dire être en accord, il est possible de rencontrer des difficultés, voire des conflits, que vous soyez sujet ou analyste. L'un des enjeux de la cure analytique est justement de travailler sur ces conflits et leurs origines, ils doivent être analysés dans le transfert qui s'opère durant la cure.

Concernant les dispositions de la cure, le dispositif du divan n'est pas obligatoire, mais quand le psychanalyste le juge utile et que le sujet l'accepte, il se révèle être très efficace pour faciliter la parole. Cette méthode a été inventée par S. Freud, et elle reste aujourd'hui la plus adaptée pour la pratique de la psychanalyse. En effet, il est souvent plus aisé pour les sujets de parler sans la présence visuelle du psychanalyste en face à face.

De manière globale, la psychanalyse a largement contribué aux plus grandes mutations de notre société : elle a donné la parole aux femmes, leur donnant une place égale à celle de l'homme ; elle a permis de considérer l'homosexualité comme une orientation sexuelle plutôt que comme une anormalité ou une maladie... Elle a aussi mis en lumière l'importance de la sexualité dans la vie psychique des adultes comme des enfants ; et a permis de faire naître de nouvelles vocations. En effet, pour Freud, le diplôme et les études médicales ne constituaient pas un gage de qualité pour l'exercice du métier de psychanalyste, et il s'est battu pour que cette profession soit accessible aux non-médecins. C'est le désir d'être analyste qu'il a choisi de mettre en avant. Ainsi, la psychanalyse reste libre et indépendante. Le métier de psychanalyste est complexe, et demande beaucoup d'investissement temporel et psychique : lorsqu'une séance se termine, le psychanalyste continue de travailler sur le sujet, à faire des recherches, lire et apprendre, continuellement.